Comme chaque année, le rapport Campus France sur les chiffres clés de la mobilité présente les grandes tendances de la mobilité étudiante dans le monde, en Europe et en France à partir de données chiffrées sur les années N-1 et N-2 et issues de différentes sources. Mais ce rapport 2021 est aussi marqué par le contexte de crise sanitaire qui bouleverse depuis le printemps 2020 la mobilité internationale des étudiants.
L’impact de la pandémie de Covid-19 sur la mobilité internationale
Les fermetures partielles, voire totales des établissements d’enseignement supérieur dans la très grande majorité des pays et la restriction des déplacements internationaux, et même la fermeture des frontières, ont eu des impacts considérables sur les étudiants et la mobilité étudiante internationale. En France, malgré les difficultés, la volonté politique de faciliter l’accueil des étudiants et des chercheurs internationaux, soutenue par
la CDEFI, ainsi que les efforts déployés par les établissements français pour les accueillir dans les meilleurs conditions possibles, ont permis de limiter l’impact négatif de la crise sur le nombre d’étudiants internationaux accueillis à la rentrée 2020. Si
le nombre de visas pour études accordés à la rentrée 2020 a baissé de 25 % à la rentrée 2020 en France par rapport à la rentrée 2019 (et - 19 % de demandes de visas enregistrées entre le 15/06 et le 31/10/20),
le nombre de nouveaux étudiants internationaux présents sur les campus aux États-Unis a chuté de son côté de 72 %, le nombre de nouveaux inscrits internationaux a baissé de 63 % en Australie et la Chine par exemple n’autorise pas l’entrée des étudiants sur son territoire depuis le début de la crise. On constate cependant de fortes disparités sur cette baisse de 25 % avec notamment
- 60 % pour la zone Asie/Océanie et Amérique, et
a contrario,
+ 6 % pour la zone Afrique du Nord / Moyen-Orient.
La mobilité étudiante dans le monde avant la crise sanitaire
Les chiffres de mobilité étudiante dans le monde basés sur les données 2018-2019 de l’UNESCO, donc avant la pandémie de Covid-19, révèlent pour autant un top 3 des pays d’accueil des étudiants internationaux inchangé et le recul d’une place de la France. En effet,
les États-Unis (en stagnation par rapport à 2017), le Royaume-Uni (+ 4 %) et l’Australie (+ 17 %) restent les trois principaux pays d’accueil. L’Allemagne conforte sa 4
e place et
la France passe 6e, juste derrière la Russie. Selon le rapport, ce léger recul proviendrait d’un changement dans le mode de comptage puisque seule la mobilité diplômante a été prise en compte. Par ailleurs, la Corée du Sud, la Turquie et la Chine poursuivent leur progression, avec respectivement + 20 %, + 17 % et + 13 % sur un an d’étudiants internationaux accueillis.
Si on observe les données par région,
l’Union européenne reste la première zone d’accueil d’étudiants internationaux dans le monde (1,8 million) devant l’Asie-Océanie qui passe devant l’Amérique, avec respectivement 1,25 million et 1,21 million d’étudiants accueillis en 2018. Les trois principaux pays d’origine des étudiants internationaux en en Europe sont la Chine (un étudiant international sur dix), l’Allemagne et l’Inde.
Le programme Erasmus + en 2018-2019
- Plus de 350 000 étudiants ont fait une mobilité dans le cadre d’Erasmus + (+ 23 % en cinq ans).
- L’Espagne, 1er pays d’accueil des étudiants Erasmus + (+ 3 % depuis 2017-2018, + 30 % en cinq ans).
- Près de 30 000 étudiants Erasmus + accueillis en France (+ 4 % depuis 2017-2018, en stagnation depuis cinq ans).
- La France, 1er pays d’envoi des étudiants Erasmus + (+ 33 % en cinq ans).
On retrouve à peu près la même tendance dans le monde, puisque les étudiants asiatiques, et plus particulièrement chinois et indiens, restent les plus mobiles. À noter la forte progression du Vietnam qui enregistre une hausse de 94 % de mobilité de ses étudiants (plaçant le pays en 4
e position des pays d’origine de la mobilité étudiante contre la 10
e place en 2013).
La France reste à la 6e place mais poursuit sa progression avec + 30 % d’étudiants français partis étudier à l’étranger en cinq ans et + 11 % sur un an.
La mobilité étudiante en France et dans les écoles d’ingénieurs
En 2018, la France occupe donc la 6
e place parmi les pays d’accueil et pays d’origine des étudiants en mobilité diplômante : ce sont
230 000 étudiants internationaux accueillis et près de 100 000 étudiants français partis en mobilité diplômante.
Si on considère les étudiants en mobilité diplômante, non diplômante et les étudiants de nationalité étrangère résidant en France, ce sont
plus de 370 000 étudiants étrangers en France en 2019-2020 (+ 23 % en cinq ans). Le top 3 des pays d’origine des étudiants internationaux reste inchangé : Maroc, Chine et Algérie, mais les étudiants en provenance d’Afrique subsaharienne progressent fortement : + 74 % d’étudiants ivoiriens et + 65 % d’étudiants congolais en cinq ans. Au contraire, le nombre d’étudiants européens et asiatiques progressent peu, voire baissent pour certains pays : - 6 % d’étudiants allemands, - 2 % d’étudiants roumains, - 1 % d’étudiants vietnamiens et stagnation du nombre d’étudiants chinois en cinq ans.
Au sein des écoles d’ingénieurs, ce sont
plus de 26 500 étudiants étrangers accueillis en 2019-2020, soit 16 % des étudiants d’école d’ingénieurs et + 22 % en cinq ans (+ 30 % sur la période 2013-2018). Le Maroc reste le 1
er pays d’origine des étudiants étrangers en école d’ingénieurs :
les étudiants marocains représentent 20 % de l’ensemble des effectifs étrangers.
Parmi les plus fortes progressions d’étudiants étrangers en école d’ingénieurs, on retrouve essentiellement
des étudiants originaires de pays d’Afrique subsaharienne (dans l’ordre : Côte d’Ivoire, Bénin, Cameroun) et également d’Inde, avec
+ 103 % d’étudiants indiens en cinq ans. En revanche, parmi les plus fortes baisses, on retrouve en école d’ingénieurs à peu près les mêmes tendances que sur l’ensemble des étudiants étrangers accueillis en France avec uniquement
+ 4 % d’étudiants européens et + 15 % d’étudiants asiatiques accueillis en cinq ans.
Malgré une croissance plus modérée du nombre d’étudiants internationaux accueillis en école d’ingénieurs, les formations des écoles d’ingénieurs restent attractives. Cependant, la CDEFI et ses membres restent vigilants. La perte de vitesse plus marquée dans certains pays d’Europe et d’Asie devra être analysée avec soin, afin que les écoles d’ingénieurs continuent d’avoir des effectifs internationaux diversifiés et qu’elles poursuivent leur rayonnement en Europe et dans le monde.